Comment concilier affirmation identitaire et liberté d’expression?

L’été dernier, une partie de la communauté noire de Montréal a protesté contre la présentation de SLAV, une pièce de Robert Lepage portant sur l’histoire de l’esclavage. Les protestataires jugeaient que la quasi-absence de comédiens noirs dans la production constituait un manque de respect pour leur histoire, leur identité. Mêmes préoccupations identitaires quelques semaines plus tard lorsque des Autochtones se sont opposés à une autre pièce de l’auteur, Kanata, qui porte sur l’histoire de leurs peuples sans qu’aucun Autochtone ne soit présent sur scène. Pour ces protestataires, il est inadmissible que des Blancs, qui ont bafoué leurs droits par le passé, se chargent de définir qui ils sont. Les pièces de Robert Lepage ont été retirées de l’affiche. Plusieurs ont alors dénoncé ce qu’ils considéraient être de la censure et défendu la liberté d’expression des artistes, d’autres ont trouvé ce retrait justifié.

Il est normal de se définir par ses croyances religieuses, sa nationalité, son origine ethnique ou son orientation sexuelle. Parfois, certaines caractéristiques identitaires ne sont pas reconnues par une majorité de citoyens ou par des groupes de personnes. Dans certaines situations, ce manque de reconnaissance fait naître différentes formes de discrimination et d’intolérance, qui peuvent aller jusqu’à la violence politique.